Valpara(d)iso

A 2h de route de Santiago -sur la côte pacifique- il existe une ville bohème, une ville poème. On y peint avec les couleurs et les mots, sur les trottoirs et les murs. De bavards pinceaux ont transformé les façades en fresques, et les passages secrets rendent nos ballades distraites : “il n’y a rien de plus beau que de perdre le temps” disait l’enfant du pays. (Non pas perdre SON temps mais perdre LE temps. Le semer, oublier qu’il passe, vivre libéré de toute temporalité, ne plus entendre cette angoissante trotteuse qui marque chaque seconde, nous rappelant le caractère éphémère de toute existence, et nous empêchant souvent de vivre pleinement l’instant présent. Celle-ci est dédicacée à tous mes profs de philo. J’ai eu 8 au bac. Je n’oublie pas.)

Car oui, dans le port de Valpo, y a des poètes qui naissent. Et pas n’importe lesquels, puisque c’est ici que Pablo Neruda a passé une partie de sa vie. Difficile de dire qui a le plus inspiré l’autre. Valparaiso a soufflé plus d’un vers à Pablo. En retour, Neruda lègue une oeuvre libertaire qui donne envie de tout repeindre : gagnant-gagnant. 

Avant d’arriver à Valparaiso, certains nous avaient décrit la ville comme sale, dangereuse et peuplée de fainéants alcooliques et désoeuvrés (« chouette, ça nous rappellera Berlin ! »). Il semblerait que Pablo les ai entendu et leur réponde à travers ce passage qui rassurera tout le monde : “De la même façon qu’il en coûterait beaucoup aux gens raisonnables d’être poète, il en coûte beaucoup peut-être aux poètes d’être raisonnables. Cependant la raison gagne la partie et c’est la raison, base de la justice, qui doit gouverner le monde.”

Tout en relief, la ville se divise en différents Cero, qui sont autant de collines qu’on grimpe puis dévale le souffle coupé. Au bas des collines, on retrouve les rues commerçantes, les places de marché, le port, et l’océan pacifique. 

 

 

Sur les Cero on trouve les cafés cosy, les boutiques de souvenirs, les terrasses avec vue sur le pacifique, du ceviche d’espadon, le cimetière, une ancienne prison devenue parc public, un musée à ciel ouvert ET une des 3 maisons de Pablo Neruda. 

Fais moi visiter ta maison et je te dirai qui tu es : Pablo était un petit rigolo, un charmeur, un collectionneur, un minutieux, avec le sens du détail, un qui adorait faire la sieste, regarder l’océan par la fenêtre, un farfelu, qui avait souvent de la visite, pour les repas ou pour boire un coup, un homme amoureux qui avait envie de « faire avec toi ce que le printemps fait aux cerisiers. » 

A l’image de Valpo, sa maison est tout en relief et s’étale sur 4 étages. On y a l’étrange impression d’être sur un bateau : du premier au dernier étage on a vue sur la mer. Un beau terrain de jeu pour trifouiller des poèmes. En gros bandits qu’on est, on a bravé l’interdiction de prendre des photos pour vous montrer à quoi ressemblait sa chambre :

 

 

Pour le reste, Valpo se contemple plus qu’elle ne se décrit alors rincez-vous l’oeil, quant à nous on laisse le mot de la fin à Pablo : « Un seul mot, usé, mais qui brille comme une vieille pièce de monnaie : merci ! ».

 

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