Dans l’auberge de Puerto Natales, on a discuté avec plusieurs chiliens qui nous ont conseillé de visiter l’île de Chiloé, une d’eux allant même jusqu’à qualifier le lieu de « mystique ». On avait pas spécialement prévu de s’y rendre, mais c’est toute la beauté du voyage de faire des petits crochets spontanés en suivant les conseils de ceux qui savent. Si je tombais sur un touriste étranger en quête d’aventure française, je lui recommanderais sûrement l’Alsace, la Corse ou la Bretagne, et il serait con de passer à côté. Toujours écouter les locaux, surtout quand on discute autour d’un verre de vin.
Une fois la Patagonie quadrillée, on a donc pris l’avion de Punta Arenas à Puerto Montt. 3h de vol + une heure de bus (dont 20 minutes de ferry) plus tard, et nous voilà sur l’île magique.
Si je puis me permettre une petite ellipse, dans une étape future nous séjournerons avec des français pendant quelques jours. Ayant fini de lire un bouquin dans lequel la romancière Isabel Allende nous présente son Chili natal, ils feront aimablement tourner le grimoire. Il y a dans ce livre un passage sur Chiloé que voici :
« Chiloé a une culture différente de celle du reste du pays, et ses habitants sont si fiers de leur isolement qu’ils s’opposent à la construction d’un pont qui unirait la grande île à Puerto Montt. Les Chilotes vivent comme il y a 100 ans, se consacrant à l’agriculture, à la pêche artisanale et à l’industrie du saumon. Les constructions sont entièrement en bois et, au centre de chaque maison, il y a toujours un grand poêle à bois, allumé jour et nuit, pour cuisiner et donner de la chaleur à la famille, aux amis et aux ennemis réunis autour. Les Chilotes furent les derniers à se plier à la République quand le Chili déclara son indépendance, et en 1826 ils voulurent se rattacher à la couronne d’Angleterre. »
Enfin une intervention pertinente sur ce blog. Merci Isabel.
On commence cette escapade insulaire par Castro, capitale de l’île, ensuite direction Ancud, autre hotspot local.
Castro
On déboule en fin d’après-midi dans une cohue de fin de marché, 1 personne sur 2 tient un stand dans cette ville, les rues sont crades, 1 personne sur 4 est un chien, toutes les voitures crachent de la fumée noire dans un ciel gris, il n’y a pas vraiment de trottoir, chacun se fait sa place comme il peut, autant vous dire qu’on se fait marcher dessus les 5 premières minutes. De manière générale en South America il y a beaucoup d’agitation et d’interactions dans les rues. Priorité aux voitures, les piétons peuvent crever, ou tu t’pousses ou j’te pousse mais va falloir prendre une décision BORDEL. Au début tu restes polis, passés 10 minutes tu fais comme tout le monde, tu joues des coudes et tout devient plus simple. Tout le monde trace sa route sans carambolage, un chaos fluide et sans accroc.
On arrive à l’hostel, c’est une petite maison bleue en bois (adossée à la coline). On est accueillis par un ado qui nous présente les lieux avec l’aplomb d’un adulte. Leurs maisons font penser à celles qu’on peut voir dans les films qui se passent à San Francisco, mais j’espère que celles de San Francisco sont plus solides et mieux isolées. Alors certes, il y a toujours le grand poêle à bois, allumé jour et nuit, pour cuisiner et donner de la chaleur à la famille, aux amis et aux ennemis réunis autour et bla et bla et bla en vrai ça caille sec, ça grince à chaque pas, la nuit venue on entend le vent secouer les murs et on a l’impression de dormir dans une cabane. Au réveil il faut laisser couler l’eau pendant 2 minutes avant qu’elle tiédisse, quand l’eau est enfin chaude la salle de bain se remplit de buée et au retour de la salle de bain on s’arrête près de ce satané poêle à bois pour avoir vraiment chaud un court instant : c’est rude mais revigorant.
« Les Chilotes vivent comme il y a 100 ans » – voila qui est bien vrai très chère Isabel. Leurs maisons colorées -à pilotis ou non- sont jolies, l’église jaune et violette en bois est inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO, ça sent le charbon et les fruits de mer, le bois et le sel, les gens ont l’air à la fois rugueux et avenants.
Jusqu’ici la gastronomie chilienne ne nous a pas vraiment fait jouir les papilles mais Chiloé est connu pour ses spécialités. L’heure est venue de faire péter le budget sur un resto. Leurs huitres sont toutes petites mais délicieuses, le plateau de 18 est vite envoyé. S’en suivra un poulpe grillé avec une sauce aigre douce et des pommes de terre « natives » au four. Ces mini patates font la taille des rattes du Touquet avec l’apparence d’une racine de gingembre et le goût d’une patate douce. Une bouteille de blanc chilien en fond et le tour est joué. Les Chilotes vivent comme il y a 100 ans et cuisinent depuis des siècles.
Ancud
C’est les papilles en joie qu’on fait une petite heure de bus pour se rendre à Ancud le lendemain. Notre hostel est beaucoup plus sympa ici. La cabane est solide, l’eau de la douche instantanément chaude : tout les Chilotes ne vivent pas comme il y a 100 ans.
Ancud est la seconde ville de l’île. Elle n’a pas le côté hyperactif de sa cousine. Les paysages sont presque bretons. On n’y restera qu’une journée, le temps de se balader dans l’ancien fort qui a du servir à défendre l’île et son identité contre moultes assaillants, avant d’atterrir sur une plage ou le vent joue avec les nuages comme les vagues avec le sable. Wesh alors, ça devient cucul par ici.
C’est bizarre ces 3 jours à Chiloé n’étaient pas particulièrement excitants. C’est seulement en écrivant l’article quelques semaines plus tard qu’ils prennent leur saveur. Ca doit être ça le côté mystique de Chiloé. Biz les pêcheurs !!!
En parlant de gastronomie, y’a de bonnes sauces, sur cette chipotloé?
HO
HO
HO
ouuuuh elle est tirée par les cheveux mais c’est comme ca qu’on les aime