Les péruviens sont très irrités après une nouvelle hausse conséquente des tarifs de l’essence, et plusieurs blocages sont annoncés demain sur les routes du pays. Intrépides et optimistes, nos deux héros décident quand même de prendre le bus entre Cuzco et Arequipa, pensant n’avoir rien à craindre si ledit bus roule de nuit. Mais à 6h du matin, la réalité nous rattrape. Le bus est bloqué à 1h d’Arequipa. Aucun véhicule ne passe. Pire encore : personne ne sort du bus ! Le protocole est strict et formel, mais le bon sens l’emportera après 1h de négociation : on a le droit de sortir du bus mais les bagages restent en soute.
Il est 7h du mat lorsque l’on sort du bus sans nos sacs, sous un soleil de plomb. Il va falloir qu’on se débrouille pour rejoindre Arequipa. Le barrage est fait de pneus en flammes et de gros cailloux. On croise ci et là des groupes de gens pas contents. Notre allure de touristes fait de nous des éléments neutres dans ce conflit, on en profite pour se faufiler l’air de rien. On marche une bonne demi-heure dans des rues devenues piétonnes, et l’une des premières voitures que l’on croise renverse un piéton. Sain et sauf, le type se relève, s’engueule avec le conducteur, puis monte sur le siège passager et les deux repartent ensemble. Drôle de journée dis-donc.
A mesure qu’on se rapproche d’Arequipa, la circulation reprend ses droits. Le barrage bloque l’entrée de la ville mais les locaux sont libres de drifter. Une fois débarqués sur une grande artère, on peut enfin héler un taxi (avec double majoration de tarif touristes-pigeons + jour de grève) pour rejoindre l’hostel. Pfiou, vla enfin le petit-déj.
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Cité blanche dans grande banlieue
Arequipa c’est la deuxième ville du pays avec 1,3 M d’habitants. Au milieu d’un océan de maisons en brique un peu cradingues, flotte un îlot de bâtiments blancs majestueux qui constitue le centre historique. Le tout est surplombé par le volcan Misti, visible de partout du haut de ses 5’825 mètres. Ce gros bébé toujours actif et dont la dernière éruption date de 1985, a fourni la pierre volcanique blanche, matière première des édifices coloniaux du centre.
Le centre est donc blanc comme neige. A tout moment un dragon peut sortir du volcan et cracher le feu sur Minas Tirith. Il ne manque que Gandalf sur cheval blanc. Il manque aussi nos sacs, le dentifrice, les caleçons, les chaussettes… On est pas tout blanc non plus.
Ville dans ville
Au lendemain, le soleil se lève et le barrage avec lui. Le temps d’avaler un gros ceviche au mercado San Camillo, on passe chez les potos du bus pour récupérer nos effets personnels, puis retour à l’hostel pour une douche libératrice. On est frais comme gardon, enfin purs, l’heure est venue de rendre visite au tout-puissant qui malgré quelques aléas, veille fort bien sur nous jusqu’ici.
Arequipa abrite en son sein le couvent Santa Catalina, plus grand couvent du monde, si vaste qu’il est semblable à une petite ville avec ses rues, ses jardins, ses cloîtres et ses parcs. Il hébergeait 450 religieuses qui n’avaient aucun contact avec le monde extérieur jusqu’en 1970. Aujourd’hui c’est une machine à cash touristique où vivent encore une quarantaine de soeurs en quarantaine. 20’000 mètres carrés de calme et de quiétude, de chapelles, de fontaines, des fleurs, des façades colorées, et des maisons individuelles pour que chacune puisse vivre loin des autres mais près de Dieu. Une sorte de Ritz du couvent, que sa sainteté Jean-Paul le second visita en 1985, créant ainsi l’événement dans toute la ville. J’étais à deux doigts de leur laisser soeur Solène en stage mais elle est déjà si pure LOL… C’est l’âme en paix qu’on s’envoie ensuite une belle série de sushis végétariens, où champignons marinés et tomates confites remplacent thon et saumon. AMEN.
Ajval
Pour le dernier jour, on change de registre et on part faire du jval dans la campagne d’Arequipa. La culture et jésus c’est cool, le galop et l’action c’est plus marrant. On a lu que les jvals péruviens sont connus pour être les jvals de selle de randonnée les plus confortables au monde, alors on a voulu essayer. Franchement, jval de compet ou pas, après 2h sur une scelle t’as l’cul en compote, mais psartek la ballade au pied du Misti !
Bisous blancs
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